Bien avant sa chute, Martine était l’héroïne de ma vie, l’actrice d’un sitcom palpitant, le mien. Parfois même, avec des super pouvoirs l’autorisant à débarrasser notre planète de tous les méchants*. Chevauchant la vie, d’aventures en aventures, sans encombre ni tracas.
1er décembre 2017 Lorsque j'étais à l'école primaire, tous les enfants étaient abonnés à "L'école des loisirs". Notre conseillère pédagogique, Mme Beermans, une dame classieuse et sans âge, toujours une canne à la main pour soutenir son pas lent et désarticulé, nous faisait la lecture des derniers albums jeunesses. Celui qui m'a le plus marqué racontait l'histoire d'un petit garçon, fils unique, qui voyait peu ses parents concentrés sur leur travail. Invoquant accidentellement une formule magique, il fît dont de parole aux envahisseurs de son cuir chevelu. Il se mit alors à jouer avec eux, à les éduquer et en fit ses amis. Malheureusement sa vermine fût découverte. S'en suivit alors une débandade bazardeuse. École, parents et pharmacie usèrent de leurs stratagème pour en débarrasser sa tête. Le coiffeur eût finalement le dernier coup de ciseaux et rasât la tête de l'enfant. Je ressens encore le dernier dessin. Pauvre Mathieu, tout triste et tondu, assis à l'arrière de la voiture parentale. Au loin derrière lui, il regardait ses amis abandonnés sur le trottoir du bourreau en criant : Rendez-moi mes poux !
Aujourd’hui, je comprends que l’on puisse souhaiter, désespérer de conserver ou retrouver ce que l’on a perdu. Ce qui nous manque alors que cela même nous faisait du mal. Ce confort inconfortable, cette aisance dans les désagréments. Nos nuisibles ennemis ne sont-ils pas parfois de vieux amis ?!
*Méchants : Toute personne nuisant à l’intégrité d’autrui. J’admets que cela fait beaucoup de monde. Quand on est enfant, on est plutôt entier.